Bénéfice du doute

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Comment oser ne pas admirer la puissance allemande?

Il n’est pas nécessaire de lire de grands auteurs (bien que j’en aie lus), ni de faire de longues études (bien que j’en ai faites), pour constater que l’Allemagne est parvenue à se relever plus d’une fois de divers freins et de ses cuisants échecs au cours des deux derniers siècles… une résistance aux Lumières françaises, une tradition morcelée post-Empire germanique, une quasi absence de colonies, un Traité de Versailles impitoyable, un nationalisme anti-communiste et anticapitaliste, un pays en ruines, une population stigmatisée comme foncièrement nazie, le Mur de Berlin, la réunification, le vieillissement de la population…

Franchement, aucun pays, sauf peut-être le Royaume Uni, n’aurait pu se relever s’il lui était arrivé ne serait-ce le tiers du quart de ce qui est arrivé à l’Allemagne. Bien entendu, ce n’est pas comme si ces autres pays n’avaient rien vécu, rien subi, rien dû résoudre… mais il faut tout de même avouer que se relever des péripéties allemandes, c’est autre chose que de gérer une affaire Cahuzac.

Certains évoquent un « Sonderweg » pour le nazisme sur base d’un délire téléologique (mais bon, le déterminisme sociologique, ça ne pose aucun problème dans notre société post-Marx/Bourdieu etc)… Me concernant, j’opterais plutôt pour un « Sonderweg » de la réussite allemande… Quoique ! Attention ! Je pourrais être traitée de raciste par Quatremer (qui avait traité de la sorte Emmanuel Todd lors d’un « Ce soir ou jamais » relatif à la germanophobie) en laissant sous entendre cette tendance. Hum, encore un journaliste qui veut confisquer le débat en barbarisant son adversaire.

Véritablement, il faut arrêter de nier les tendances des peuples à penser ou à faire certaines choses d’une certaine manière. On le fait bien pour de lointaines tribus : alors pourquoi pas pour nous-mêmes?! Chaque peuple, plus ou moins organisé en nation (la Belgique est le contre-exemple phare), se rassemble autour de valeurs communes, de pratiques partagées… Très bêtement, les tendances d’un peuple qui vit sous la pluie ne sont pas les tendances d’un peuple en milieu désertique ; de même, les peuples mono ou polythéistes ; les peuples qui connaissent des périodes troubles ou de paix. Ainsi, chaque peuple est forgé par une histoire, comme chaque individu singulier, mais ce n’est pas une raison pour considérer que le peuple est la somme de ses membres : il est bien davantage, il est un esprit, une main invisible.

La main invisible allemande, selon moi, est profondément marquée par le protestantisme, et ce qu’on appelle la « Protestant Work Ethic »… d’ailleurs, ce n’est pas pour rien que « Schuld » signifie à la fois « faute » et « dette ». La culture allemande ne craint pas la réussite, ni l’élection divine, car elle ne cultive pas la culpabilité : le travail n’est plus un instrument de torture romain, il devient une forme d’expression de soi… raison de plus pour ne pas cracher sur l’Allemagne, car la Modernité (pas la perverse post-modernité, hein) a en grande partie été développée grâce à l’encouragement (populaire protestant) à la prise de conscience du Soi.

http://www.causeur.fr/jacques-bainville-allemagne,22540

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